Entre ce qu'ils disent et ce que j'en dis, j'en distingue des dingues mais j'apprends toujours
Edit1 :Mes pensées (les sortes de réponses en dessous) n'ont pas été mises avant à cause d'un problème de copitage collage foireux...
Edit2:
Selon certains, on a l’impression que je suis victime dans ce post, que je pleure sur mon sort et que je tiens des propos encore plus durs, mm « intégristes »... Je me crois encore juste intègre. En relisant, c'est vrai qu'il y paraît...Mais c'est un effet involontaire... C’est vrai que l’écrit me dessert de temps en temps et que c’est une accumulation d’espoirs déchus quant à la réhabilitation des miens à la veille des élections...qui ont déchaîné cette plume.
Je ne porte pas le poids de la Banlieue sur mes épaules. Tous les banlieusards (y compris les papis et mamies etc.) le portent. Je dirais même que c’est la Banlieue qui nous porte, avec ses bons et mauvais côtés.
Mais le fond reste vrai et ressenti.
Ils disent que je suis intégré maintenant, que j'ai un taf', que je suis citoyen, que je n'ai donc plus de raisons de revendiquer pour les miens.
J'me dis que mon contrat se finit en juin, que c'est niet pour une prorogation, que j'ai rien d'intégré car pour l'être, il faut intérioriser les valeurs d'un corps social, d'une société. J'me dis que finalement, ils ne comprennent pas que c'est sans haine et sans choix que je ne partage pas leur monde. Finalement, ils te demandent de t'intégrer à leur monde, alors qu'ils ne veulent pas du tien, qu'ils ne l'ont pas fait il y a 60 ans? J'me dis que le jour où j'arrêterai de me plaindre pour les miens et de dynamiser ça, je commencerai à songer au suicide. Je pense qu'à force de vouloir être intégré, on finit désintégré.Ils disent que puisque je vote, je devrais être fier d'élire un représentant de mon peuple.
J'me dis que je ne vote que par opposition à tout un pan de valeurs. J'me dis que je vote pour éviter d'avoir un billet charter gratuit, c'est du gaspillage me direz-vous.Quand bien même, je fais gaffe au programme économique et social des candidats, car j'ai la formation pour. Je leur dis que je n'attends rien de ces fils de pute. Je leur dis qu'il n'est pas venu le jour où j'élirai quelqu'un qui me représentera...que les seuls à le faire, ce sont les rappeurs, qu'un jour je serai sur une liste municipale et qu'alors, j'aurais peut être un espoir, tout en étant détesté par les miens.Ils disent que c'est immature de dire que je n'attends plus rien de ce pays, de leurs gens.
Je leur dis que c'est sans haine et réfléchi. Je leur dis qu'une bonne partie de cette jeunesse, la plus émérite même (je ne parle pas des hippies hein...) est alors immature.Ils disent que je ressens le syndrome de la trahison de mes pairs, de mes origines sociales et ethniques mais que je ne peux pas le savoir, car c'est inconscient. En fait, ils disent que je n'ose m'avouer que je suis purement citoyen car j'ai peur de trahir mon milieu.
J'me dis que sans leur dire, que les miens, ceux que je vois au quartier, sont plutôt contents de moi, attendent que je les aide, sont un peu fiers. Je leur dis que j'ai rarement ce sentiment de voler la place de qqun, de trahison car je bosse pour les miens. Je leur dis que je n'ai pas vraiment de catégorie socioprofessionnelle définie? Je leur dis que je n'attends que ça, d'être citoyen, mais je ne suis plus en accord avec la définition actuelle du terme. Je les renvoie à la DDHC.Ils disent que mon Histoire est commune à la leur.
J'me dis qu'ils se foutent bien de mon trou d'balle. J'me dis que c'est "Black blanc beur mais seulement avec le brassard et bande de macaques quand ça crame" Soprano et Médine.Ils disent qu'en tant qu'agent d'une collectivité locale, je ne dois pas mêler mon ressenti, je ne dois pas utiliser mon vécu de quartier pour l'inclure dans l'analyse territoriale.
J'me dis que je ne peux pas changer ce que je suis et qu'il est temps qu'une nouvelle ère de gestionnaires et d'administrateurs s'occupe des affaires. Il est temps que les mecs de terrain prennent les choses en mains.Ils disent que je pourrais partir de chez moi, mais que je ne le veux pas, que je ne suis pas assez courageux pour ça.
J'me dis que sur ce coup, ils ont raison. Je ne suis pas assez courageux pour perdre le peu de repères que j'ai et abandonner un quartier, des gens, qui pourront, c'est vrai, se démerder sans moi. C'est plutôt moi qui ne pourrais pas...Ils disent qu'ils t'aiment bien mais tu remarques leurs regards fuyants et leurs détournements de tête quand tu les croises dans une autre cantine, "en bonne compagnie"...C'est vrai que t'es habillé comme un schlack et que c'est un choix...Faut pas déconner...
J'me dis que je ne leur en veux pas, qu'il ne faut que je fasse pareil, que je maintienne cet effort de paix. Mais..J'me dis que je leur niquerai bien leur putain de leur race tout de même...Ils disent que c'est déjà pas mal de gagner un peu plus de 1000€ pour plus de 45h de taf hebdomadaires...Mais quand ils apprennent que tu taffes aussi le samedi, ils pensent que t'aimes trop l'argent...
J'me dis que je ne vais pas leur raconter ma life, que je prévois être bien trop tôt à la recherche d'un taf, et que j'ai une maison à payer et une autre à construire, plus des gens à mettre au beurre. Mais j'me dis qu'il faut que je laisse courir ces propos, pourraient-ils comprendre?Ils disent que c'est pas bien d'arriver à 10h au taf...
J'me dis que m si tu pars à 20h pour rentrer chez toi en Merco RER Démerde à 22h, pour te réveiller à 4h le lendemain, tu t'en bats les couilles, le taf est fait. Et pas pour eux, mais pour les gens. En plus, t'es souvent en retard car le matin, t'as du mal à chier et que t'es pas réveillé...Il dit que c'est de ma faute si j'ai eu 3-4 embrouilles à cet autre taf. Il dit que c'est moi qui provoque tout ça en fait... Enfin, il dit que c'est moi qui ai cherché ça parce que j'ai répondu aux insultes et autres provocations d'adultes envers ma personne. Il dit que c'est par fierté que j'ai répondu à ces insultes, il dit que j'aurais dû laisser couler. Il dit qu'on doit laisser le mec t'insulter, que ça ne coûte rien. Il dit que ça ne sert à rien de se défendre d'une insulte si c'est une question de fierté. Il dit que lui, il n'a pas eu d'embrouilles.
J'me dis que je pensais qu'on pouvait, entre deux mondes (un peu bourgeois et le mien), en expliquant les malentendus et les modes de vie, se comprendre totalement. Finalement, il y aura toujours un putain de fossé, un gouffre culturel, qu'ils ne comprendront jamais que tu ne pourras rien y faire, que c'est pas BisounoursLand, que le Code de la Rue est rude, pas besoin de permis. Que ces codes, tu ne peux y échapper, car pour survivre, tu as appris tout seul à les suivre.
J'me dis que je préférerais mourir plutôt que laisser mon respect se faire enculer, parce qu'ici, c'est tout ce qu'on a: certes avec la fierté et la DIGNITÉ, mais bon. Que s'il faut que j'me tape, j'me tapperais et que ce serait dans les règles. Je dis qu'on est des millions à penser qu'il sert toujours de se défendre, que je ne suis pas une victime et que c'est histoire de dignité.
Je leur dis qu'il ne sert à rien de manifester dans les rues, si c'est pour te laisser victimiser dans ces mêmes rues. J'me dis que la fierté est accessoire ici.
Mais ils n'aiment pas jouer avec les mots. Pourtant, je leur dis que Dignité, ça veut dire que tout Homme mérite un respect inconditionnel, quel que soit l'âge, le sexe, la santé physique ou mentale, la religion, la condition sociale ou l'origine ethnique de l'individu en question.
Pourtant.Ils disent que le voile, c'est intolérable, c'est honteux. Quand tu dis que si elles veulent le porter, dans le métro, elles font ce qu'elles veulent après tout. Et ils te disent que t'es con, que ce simple port est une agression pour la gent féminine, à la liberté de la femme. Elles te disent même que dans le métro, elles lancent des remarques assassines à ces femmes, car elles en ont le droit. Elles et ils disent que la position que tu défends est anti-républicain, que c'est même déplacé pour un mec non musulman.
Quand je leur dis qu'ils-elles ne tiennent jamais ces propos, qu'ils/elles ne dont pas de remarques assassines quand il s'agit d'une meuf habillée comme une pute, avec une jupe-culotte-string-multiusages et les seins à l'air à -30°c. Ils me disent que c'est une question de liberté, qu'elles font ce qu'elles veulent, que c'est le respect de la condition féminine.
J'me dis qu'on n'a pas la même vision de la condition de la Femme.Ils disent que si toi tu t'en es à peu près sorti, la majorité des mecs et meufs issues de quartiers ou de l'immigration (voire les deux si pas de chance) auront un joli destin. Ils disent que le tableau n'est pas si noir.
Je leur dis de regarder mes stats:
*Réseau: sur ma seule promo ceux qui ont eu un taf après les études, c'est en majorité ceux qui avaient un réseau.
**Milieu: sur mes potes, (je les rassure, il ya des blancs, chinois, portugais, noirs etc.), 6, à avoir au moins un BAC+3, 6 à vivre dans le mm coin pourri et...1 seul (moi) à avoir un taf qui corresponde à sa formation.Ils disent que tu penses et tu parles toujours de la même chose.
J'me dis qu'ils ont raison...Elle dit qu'Elle t'aime. Et ce depuis longtemps, mais que tu fais rien. Elle dit qu'elle a tenté de construire, mais que sous tes airs de mec diplomate, t'es qu'un con qui a peur de casser le vase, qui refoule tout.
Je dis <<Les gens t'parlent d'amour, moi j'te parle de c'que j'connais>> Lunatic.
Et j'me dis qu'elle a raison, pas assez de courage.Elle dit qu'elle ne veut pas que tu contribues financièrement à son mariage, parce qu'elle te doit quelques sous, parce que t'es son témoin et parce qu'elle doit se démerder pour mettre autant que ton futur beauf' dans le mariage.
Je lui dis que c'est pas en étant témoin qu'on paiera le mariage à 12 000€Il dit que t'as raison de dire que s'ils veulent pas de nous, on s'en bat les couilles. Il te rappelle que s'il faut retourner à l'usine, on le fera, mm avec un BAC+. Il dit qu'on en trouvera bien du taf, mm si pas à la hauteur des études qu'on a braquées. Il dit qu'il faut fermer les yeux dans la lutte, mm si l'instant présent est une pute.
J'me dis que lui, il me connaît depuis au moins 1994 je crois. Qu'il sait ce qu'on a fait pour avoir un minimum de courage "j'suis déjà arrivé, ils ont pas démarré".Il dit que dans 3 ans, après la retraite, il veut retourner au bled, pour y finir sa vie
.J'me dis qu'il n'y arrivera jamais tout seul et que je ne sais pas comment je vais faire...Elle dit qu'il va falloir te marier, penser à fonder une famille.
Je lui dis "Maiiis t'aaaaas crAAAAquéééé ou quoi???!!!!!".
Enfin...J'me dis que je devrais plutôt fermer ma putain de gueule et faire taire ces putains de bruits dans mon ESprit, cette putain de conscience qui me freine, qui me fait penser aux autres.J'me dis que vivre au jour le jour, c'est trop luxueux pour moi.
Peace.SPirit, ce con vaincu par les convaincus.